- fêlure
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• v. 1560; faiel XIIIe; de fêler♦ Fente d'une chose fêlée. ⇒ fissure. Ce vase a une fêlure. « Les vieux ustensiles gardent en leur peau plaintive on ne sait quelles fêlures qui craquent en une fois et les vident » (Ch.-L. Philippe).♢ Fig. et littér. Les querelles entre amants « créent des fêlures que rien ne ressoude » (Montherlant). ⇒ cassure, fissure.Synonymes :- fissureLittéraire. Indice d'un désaccord encore léger ; fissureSynonymes :- cassure- faille- lézardefêluren. f. Fente d'une chose fêlée.|| Fig. Il y a une fêlure dans leur union. Syn. faille.⇒FÊLURE, subst. fém.A.— Fente d'une chose fêlée. Cette assiette a une fêlure. La fêlure de ce vase est si légère qu'on ne la voit point (Ac.). Synon. fissure. Sa voix (...) était timbrée, creuse et grave comme le son d'une dalle de marbre amincie et sans fêlure sous le petit marteau du polisseur (LAMART., Tailleur pierre, 1851, p. 405). Pas une lucarne, pas un soupirail; aucune brèche à la muraille, aucune fêlure à la voûte (HUGO, Travaill. mer, 1866, p. 279) :• 1. Il n'y avait pas de bruit cette nuit, seulement le tap-tap un peu plus pressé de l'eau qui suintait par la fêlure des boiseries.GIONO, Gd troupeau, 1931, p. 205.— En partic., MÉD. HUM. et VÉTÉR. Fracture incomplète sans séparation des parties de l'os. Le diagnostic des fractures et des félures des membres devra toujours être vérifié par la radiographie (GARCIN, Guide vétér., 1944, p. 151).B.— P. métaph. et au fig. (Quasi-)synon. fissure. Du paysan qui flaire l'orage et sent peser sur sa peau cette brûlure spéciale du soleil qui annonce une fêlure du beau temps (MOUNIER, Traité caract., 1946, p. 120). Je suis sûre, Émile, que vous auriez été élu au premier tour. Et Lartois sentit une fêlure dans sa joie (DRUON, Gdes fam., t. 2, 1948, p. 62) :• 2. Il mettait de l'affectation à exiger que les congés fussent limités à leur terme réglementaire et sa manière de conduire manquait de bonté. Par contre, une certaine équité naturelle et pas de vice connu. Des mécontents avaient bien tenté de découvrir la fêlure, mais en vain.ESTAUNIÉ, Ascension M. Baslèvre, 1919, p. 8.— Spécialement1. [La fêlure se rapporte à une production phon.] Altération dans le timbre. La question était rude, directe, mais il y avait, dans la voix, une imperceptible fêlure (MARTIN DU G., Thib., Mort père, 1929, p. 1296).2. Fam. [Se rapportant à une pers.] Légère altération mentale. Avoir une fêlure, sa fêlure. Synon. folie, grain. La courtière enfourchait son dada, faisait ruisseler l'or pendant une heure. C'était la fêlure, dans cet esprit délié, la folie douce dont elle berçait sa vie perdue en misérables trafics (ZOLA, Curée, 1872, p. 372).Prononc. et Orth. :[
] ou, p. harmonis. vocalique, [
]. Cf. fêler. Le mot est admis ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. Fin XIIIe s. faieleure « fente légère, cassure » (The Third Prose lapidary ds STUDER-EVANS, p. 141, V, 8), attest. isolée; de nouv. fin XVIe s. felure (PARÉ, Œuvres compl., éd. J.-F. Malgaigne, t. 2, p. 3). Dér. du rad. de fêler; suff. -ure. Fréq. abs. littér. :88.
fêlure [felyʀ] n. f.ÉTYM. V. 1560; faielure au XIIIe; de fêler.❖1 Fente d'une chose fêlée. ⇒ Fissure. || Le choc a laissé une fêlure à ce plat. || Fêlure droite, en zigzag, superficielle, profonde. || Liquide qui s'échappe peu à peu d'un récipient par une fêlure. || Objet qui se casse à l'endroit d'une fêlure ancienne.1 Si de ce sein brisé la douleur et l'extaseS'épanchent comme l'eau des fêlures d'un vase (…)Hugo, les Chants du crépuscule, XXXIX.2 (…) les vieux ustensiles gardent en leur peau plaintive on ne sait quelles fêlures qui craquent en une fois et les vident.Ch.-L. Philippe, le Père Perdrix, p. 222.2.1 À cet endroit, le marbre de la commode présente une longue fêlure, peu sinueuse, qui passe en biais sous le coin de la boîte et atteint le mur vers le milieu du meuble. Juste au-dessus est accroché le tableau.A. Robbe-Grillet, Dans le labyrinthe, p. 22.♦ Méd. Solution de continuité sans fracture totale d'un os.2 (XIXe). Fig. et littér. Marque d'un désaccord, début de rupture. || Une fêlure du cœur, de l'âme. ⇒ Blessure. || Fêlure dans un amour. ⇒ Cassure, faille.3 Elle a tant sonné, ma sensibilité, que j'ai mis du mastic aux fêlures; c'est ce qui fait qu'elle vibre moins clair.Flaubert, Correspondance, 27 mars 1852, t. II, p. 381.4 On prétend que les querelles entre amants ressoudent l'amour. En réalité, elles créent des fêlures que rien ne ressoude.Montherlant, le Démon du bien, p. 252.4.1 Même un professeur, un écrivain aussi averti que M. Maurice Duverger, parle de fêlure, comme si la politique du général de Gaulle était ce vase fêlé où meurt la ridicule verveine du pauvre Sully Prudhomme.F. Mauriac, le Nouveau Bloc-notes 1958-1960, p. 314.3 (Déb. XXe). Altération dans le timbre, pareille au son que rend, par percussion, un récipient fêlé.5 La question était rude, directe, mais il y avait, dans la voix, une imperceptible fêlure.Martin du Gard, les Thibault, t. IV, p. 182.4 (1684). Vx et fam. Léger dérangement de l'esprit. || Cet individu divague : il a sûrement une fêlure (Académie). → Cerveau fêlé.6 Grâce au ciel, ma tête est sans fêlure (…)La Fontaine, Ragotin, I, 11.
Encyclopédie Universelle. 2012.